jeudi 13 juin 2019

Grève des femmes du 14 juin : ces hommes qui font la grève de la grève.


Innombrables sont les stratégies mises en place malheureusement par trop d’hommes pour « échapper » à la grève et à la manif. J’ai soit entendu, soit recueilli un florilège d’esquives, de faux-fuyants, d’arguments fallacieux, que je ne résiste pas à vous transmettre ici. Il y aurait là de quoi dresser une typologie de l’humain recourant à toutes ses ressources pour conserver le statut quo actuel quant à la situation encore trop secondaire des femmes dans notre société.

1. « Ma femme et moi on se partage la tâche : elle va manifester et moi je reste à la maison » (le bonhomme a 2 filles suffisamment grandes pour se garder toutes seules voire, encore mieux, venir elles aussi manifester pour défendre leur place dans notre société de demain. Heu vous ne soutenez pas vous-même ce combat Monsieur ? Derrière ce pseudo argument de compromis à la vaudoise, et autrement dit, je soutiens sans soutenir, je n’empêche pas ma femme de faire grève et de manifester, ce faisant je reste planqué à la maison. A faire quoi ? Monter la garde face à l’invasion russe ? Le combat est ici, maintenant, à la place St-François à Lausanne, pas à la maison à faire des choses maintenant secondaires.
Typologie : l’aveugle partiel, l’inengagement par le compromis boiteux.

2. Un autre intellectuel  (souvent les pires car ils font des circonvolutions intellectuelles très complexes pour se soustraire à un élan de solidarité minimum)  dit : « Je ne fais pas grève car je trouve que les femmes grévistes ne vont pas assez loin dans leurs revendications. » Pas mal, la perversion : non seulement il se fait passer pour un féministe extrêmiste, mais en plus il en joue pour ne pas remplir un rôle minimal dans ce combat qu’il prétend soutenir ! Le comble, non ? 
Typologie : les tordus.

3. Tous ceux qui allèguent toutes sortes d’obligations « ailleurs » ce jour-là et qui ainsi jugent ce combat secondaire !
Typologie : les démissionnaires.

4. Ceux qui disent que « ça sert à rien ». C’est vrai que ce n’est pas grâce à des gens comme eux que des causes comme l’esclavagisme, ou l’émancipation des noir-e-s ont pu s’améliorer… La plaie de nos sociétés : l’énergie pour râler , pas pour se bouger. On se croirait sur Twitter !
Typologie : ce sont des agents du conservatisme, donc des agents conservateurs. Comme eux ils nuisent à la bonne santé , sociale ici.

5. Ceux qui disent : « c’est la grève des femmes, donc c’est à elle de (tout) faire ». Notre place n’est-elle pas AVEC elles dans ce combat ? On ne fait pas partie de la même société ? On doit continuer à renforcer les clivages ? Elles ont besoin de notre soutien, et pour les soutenir il faut faire grossir les rangs de la manif et des grévistes pour que les décideurs prennent la mesure de celles et ceux qui veulent le changement : à savoir la majorité !
Typologie : les planqués, les démissionnaires.

6. Ceux, et celles, notamment à droite, qui ne veulent pas gréver sous prétexte que l’économie, ou l’État, ou encore toute autre boite d’importance variable, ne saurait se passer de leur travail ce jour-là.. Quelle suffisance ! Quelle self-importance ! Autrement dit je ne soutiens pas la grève, je ne tiens pas à faire grossir les rangs d’un mouvement qui demande une reconnaissance légitime parce que moi, dans mon narcissisme autosuffisant, j’en ai pas besoin.
Typologie : les narcissiques.

7. Ceux qui ont un besoin pathologique de se différencier de la masse, ou de la majorité, pour avoir le sentiment d’exister, d’avoir une identité propre ! Notez que vous en trouverez toujours : pas plus tard qu’aujourd’hui dans le 20 Minutes je lisais que toutes les associations de défense des vélos n’étaient pas forcément pour le port du casque ( oui, vous avez bien lu!!) parce par exemple son caractère obligatoire a fait reculer l’utilisation du vélo et par conséquent a augmenté les risques pour les vélos restants, ou encore, le port du casque renforce un sentiment d’invincibilité poussant à prendre plus de risques. Donc le casque est quasi nuisible, CQFD, non ?
Typologie : les personnalités fragiles ou en besoin de démarquage existentiel permanent.

8. Ceux qui disent : les femmes n’ont pas voulu de nous, de notre présence au début du mouvement donc maintenant qu’elles aillent se faire voir. » Belle mentalité, évoluée surtout. A combien évaluer l’âge mental de cette posture ?
Typologie : l’immature.


Il est triste de constater que par les temps qui courent, la tendance à l’individualisme forcené pousse beaucoup trop de gens à défendre leur seul point de vue, leur seul intérêt, incapables qu’ils sont de faire taire un instant leurs différence, leurs nuances, pour oser se fondre dans un mouvement global plus que nécessaire.

PG




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