Pas possible pour moi de me taire plus longtemps sur ce que je vois
autour de moi en lien avec le coronavirus qui draine vers lui toutes
les réflexions, toutes les peurs, suscite toutes les angoisses,
active tous les imaginaires. Je sais, tout le monde a un avis sur la
question, pas possible d’y échapper. Pas de raison donc pour que
vous échappiez au mien.
Cette
crise que nous traversons est aussi à voir comme une
occasion comme nous n’en avons jamais de requestionner nos valeurs,
à nous forcer à lever nos têtes des guidons rassurants dans
lesquels nous avons appris à nous pencher. Toutes les remises en
questions sont possibles, tous les droits d’inventaire, et c’est
salutaire !
Avant
que j’égrène mes propos, juste une chose, de taille :
attention : ce que je dis ne doit pas être pris pour argent
comptant, votre intelligence, votre sens
critique doit plus que jamais être en état d’éveil. Comme pour
internet et les autres médias : il faut recouper les infos, les
analyser, comparer, et penser comme pas souvent : par soi-même !
Plus
que jamais c’est notre intelligence qui est convoquée, et pas les
prêts à penser, les idées toutes faites, qui ont été pensées
par d’autres et auxquels par flemme ou incapacité, nous donnons un
crédit illimité. Et ça s’applique à mon texte aussi, je ne
prétends pas que ce que j’avance est forcément vrai, inamovible.
Dans
cette crise il faut absolument remettre la raison au centre, ne pas
laisser l’émotionnel nous envahir. Cette crise nous renvoie à
notre impuissance mais c’est à nous de ne pas l’alimenter
(l’impuissance donc) et ceci en discutant avec des gens positifs,
qui réfléchissent à des pistes et qui ne se complaisent pas des
plaintes infinies aussi déprimantes qu’inutiles. Nous devons
apprendre à nous détacher, à nous relaxer, à prendre du recul.
Très important : le covid-19 (que je me refuse à mettre en
majuscules car je veux le croire transitoire et pas destiné à
prendre des lettres de noblesse) ne doit pas prendre toute la place,
s’il la prend, c’est parce que nous lui laissons la prendre.
Détoxiquons nos pensées.
Comme
je suis psychologue, je suis sensible aux ressentis occasionnés par
le virus et sur ses effets sur nos pauvres psychés humaines.
L’impuissance est d’autant plus forte qu’elle réagit à un
ennemi présenté comme inéluctable, invisible, potentiellement
mortel. Il est tout petit, donc insidieux, et a le pouvoir magique de
se démultiplier. Bref il a tout pour faire peur. Et tout cela sur
fond de ciel bleu, d’apparente sérénité, il rôde, libre et prêt
à agir. Bref il a des caractéristiques parfaitement anxiogènes.
Les messages qui l’entourent sont soit incohérents, donc ils
rajoutent à la confusion, donc à la peur, soit et au mieux ils sont
graves et nous inquiètent.
Cette
peur épidémique elle aussi, restreint notre espace de pensée, et
sollicite comme jamais notre cerveau reptilien qui nous pousse à des
comportements comme l’évitement, le replis social dans sa tanière,
ou l’agressivité, la recherche d’un coupable sur lequel déverser
sa colère, ou alors à entasser des monceaux de nourriture pour un
hiver sans fin.
La
démultiplication des sources d’infos fausses ou vraies est
tellement massive qu’elle nous oblige en principe à un tri
impossible. Des messages peuvent aussi parvenir, incohérents, de
sources réputées sûres, ce qui rajoutent à la confusion ambiante.
Je préconise de vraiment vous fier à des sites sûrs, officiels,
faute de mieux, c’est à dire qu’il n’existe pas de sites
porteur de la seule vérité vraie en matière de gestion de virus !
Mais ça vous le savez, non ? Par exemple : le site du
CHUV, des HUG à Genève, de l’OFSP. Les discussions sur les
réseaux sociaux sont trop souvent mâtinés d’âneries, elles nous
obligent à un regard critique trop lourd et agissent comme des
caisses de résonance amplifiant nos craintes.
Enfin,
comme avec les images tournant en boucle des tours jumelles détruites
par les terroristes en 2001, tout ce qui se dit, se montre, peut avoir
un caractère traumatisant en soi, ne serait-ce que par son côté
répétitif-agressif. Prendre le virus au sérieux est une chose, le
magnifier en est une autre. Attention !
PG
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