dimanche 6 décembre 2020

Le délit de blasphème ou le renversement pervers des termes.

 


Blasphémer serait un délit, c’est ce que l’on peut être tenté de penser si l’on suit la conseillère fédérale K.Keller-Sutter, et bien d’autres politiques avant elle, lorsqu’elle dit dans le journal 24 Heures du 30 octobre dernier que la liberté d’expression ne s’applique pas sans limites.


C’est vrai que dit comme ça, si je porte un jugement virulent sur une religion, une église ou même une secte ?, je dois m’attendre à une sanction, et cela même de la part d’un Etat qui se veut laïc. Mais l’est-il vraiment, laïc ? On est en droit d’en douter en Suisse. Pour ma part ma conviction est faite : il laisse entendre qu’il l’est, ou qu’il prône une équité entre les croyants et les non-croyants, mais il ne l’est pas. Revenons-en à cette notion de délit de blasphème. Ainsi donc, l’influence de certaines religions sur notre Etat est manifeste et bien réelle, lui qui, par faiblesse, par habitude, par intérêt ou encore par peur, persiste contre toute raison à privilégier leur image et leurs intérêts , ce qu’il ne devrait pas faire, du moins s’il prétend à la laïcité, chose qu’il se refuse de faire officiellement soit dit en passant.


Dans la plupart des autres domaines de la société, la censure ne s’applique pas, dans notre démocratie tout le monde peut dire ce qu’il veut de tout le monde, à tout le monde, surtout et lâchement sur les réseaux sociaux à condition d’y mettre les formes. Cela dit, attention, ce n’est pas parce que je revendique le droit de blasphème que je vais me ruer dans la rue pour injurier es épouvantables, agonir d’injures irrespectueuses des religions défendant des thèses erronées selon moi.

La notion « délit de blasphème » est ainsi formulée qu’elle présente une personne critiquant ouvertement une religion comme délinquante en soi. Ce que l’on ne retrouve dans quasi aucun autre domaine de la vie en société. Et si on reformulait cela autrement ? Je fais le constat suivant : les religions qui font censurer les voix virulentes qui sont critiques envers elles et qui bénéficient d’un passe-droit incroyable auprès de leur bras armé l’État, sont celles-là mêmes qui sont coupables de violenter et d’amputer en amont tout citoyen critique d’un droit fondamental : celui à l’expression.


Ainsi donc c’est bien plutôt certaines religions qui attaquent mes droits fondamentaux avec la complicité de l’État et, suprême tour de passe-passe, c’est moi qui, bien que victime, suis présenté comme l’agresseur, le délinquant ? Beau retournement pervers des termes ! Certains mouvements religieux sont postulés comme d’emblée des victimes intangibles devant bénéficier d’une protection étatique rapprochée , autrement dit le censeur est protégé et le dénonciateur accusé.


Les religions n’ont pas besoin de l’État et de ses soutiens privilégiés pour se protéger, la loi et les dispositions pénales prévoient déjà des peines à celles et ceux qui se rendraient coupables d’agressions. Mais pour s’éviter d’être dans le collimateur critique de personnes usant de leur simple raison, il leur faudrait, à ces religions réviser voire annuler leur thèses improbables, miraculeuses, faites de fausses promesses et de menaces à peine voilées qui sont concentrées dans la bible, la torah ou encore le coran. Mais de cela, l’Histoire montre qu’elles n’en ont jamais été capables !


Et pourquoi les associations de libre-penseurs, ou les athées, n’auraient-ils pas droit eux aussi à une protection particulière de l’État quand ils sont agressés ? Ce sont des clients moins intéressants pour l’État ? Ou moins remuants ? Ou moins revendicatifs ? Moins dans le besoin pathologique de convaincre le plus grand nombre ? Je serais tenté de répondre tout cela à la fois.


PG


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